Vous avez réglé votre thermostat sur 20°C, votre thermomètre affiche bien cette température, et pourtant vous frissonnez encore ?
Cette situation frustrante touche de nombreux foyers français chaque hiver.
La sensation de froid ne dépend pas uniquement de la température de l’air ambiant mesurée par votre appareil de chauffage.
Plusieurs facteurs physiques et environnementaux influencent directement votre perception thermique, créant parfois un décalage surprenant entre la réalité mesurée et votre ressenti corporel.
Comprendre les mécanismes qui régissent notre confort thermique permet d’optimiser son système de chauffage et de réduire sa facture énergétique. Les professionnels du bâtiment connaissent bien ces phénomènes, mais ils restent méconnus du grand public.
La température ressentie : bien plus complexe que la température de l’air
Notre corps ne perçoit pas directement la température de l’air ambiant. Il ressent ce que les spécialistes appellent la température opérative ou température ressentie, qui combine plusieurs paramètres physiques. Cette température résulte de la moyenne entre la température de l’air et la température des surfaces qui nous entourent.
Lorsque les murs, le sol ou les fenêtres de votre logement sont froids, ils absorbent la chaleur de votre corps par rayonnement, même si l’air ambiant atteint 20°C. Ce phénomène explique pourquoi vous pouvez avoir froid près d’une grande baie vitrée en hiver, malgré un chauffage performant.
Le rôle crucial des parois froides
Les parois froides constituent la principale cause de sensation de froid dans un logement chauffé. Une fenêtre simple vitrage peut afficher une température de surface de 8°C quand il fait -5°C dehors, même avec 20°C dans la pièce. Votre corps perd alors sa chaleur par rayonnement vers cette surface froide.
Les murs mal isolés présentent le même problème. Un mur donnant sur l’extérieur sans isolation peut avoir une température de surface de 14°C à 16°C, créant une sensation d’inconfort notable. Les professionnels recommandent une différence maximale de 3°C entre la température de l’air et celle des parois pour assurer un confort optimal.
L’humidité de l’air : un facteur souvent négligé
Le taux d’humidité de votre logement influence directement votre perception de la température. Un air trop sec, fréquent en hiver avec le chauffage, augmente l’évaporation de l’humidité de votre peau et crée une sensation de froid.
L’air sec favorise les pertes de chaleur par convection. Votre corps doit alors produire plus de chaleur pour maintenir sa température corporelle, d’où cette impression persistante de froid malgré un thermomètre affichant 20°C.
Les seuils d’humidité recommandés
Les experts en chauffage préconisent un taux d’humidité relative compris entre 40% et 60% pour un confort thermique optimal. En dessous de 40%, l’air devient trop sec et accentue la sensation de froid. Au-delà de 60%, des problèmes de condensation et de moisissures peuvent apparaître.
Un hygromètre, disponible pour une dizaine d’euros, permet de mesurer facilement ce paramètre dans votre logement. Si le taux s’avère trop faible, des humidificateurs d’air ou simplement des récipients d’eau près des radiateurs peuvent corriger le problème.
Les courants d’air : ennemis invisibles du confort thermique
Les courants d’air perturbent significativement votre sensation de chaleur. Même imperceptibles, ils augmentent les échanges thermiques entre votre corps et l’environnement. Une vitesse d’air de seulement 0,2 m/s peut faire chuter la température ressentie de 2°C à 3°C.
Ces mouvements d’air proviennent de diverses sources : infiltrations autour des fenêtres et portes, défauts d’étanchéité, convection naturelle créée par les différences de température entre les parois, ou encore mauvais réglage de la ventilation.
Identifier et traiter les infiltrations
Une méthode simple consiste à passer une bougie ou un bâton d’encens le long des contours de fenêtres et portes. La flamme ou la fumée révèlera les zones d’infiltration. Les joints d’étanchéité défaillants se remplacent facilement et permettent d’améliorer sensiblement le confort thermique.
Les prises électriques et interrupteurs situés sur les murs donnant vers l’extérieur constituent des sources courantes de courants d’air. Des caches isolants spécifiques existent pour traiter ces points faibles.
L’inertie thermique : quand les murs stockent le froid
L’inertie thermique de votre logement joue un rôle déterminant dans votre confort. Les matériaux de construction stockent et restituent la chaleur avec un décalage temporel. Si votre logement a été froid pendant plusieurs heures ou jours, les murs, cloisons et sols conservent cette fraîcheur même après la remise en route du chauffage.
Ce phénomène explique pourquoi vous ressentez encore du froid plusieurs heures après avoir rallumé le chauffage, malgré une température d’air correcte. Les matériaux lourds comme le béton ou la pierre ont une inertie importante et mettent plus de temps à se réchauffer.
Adapter son chauffage à l’inertie du logement
Les logements à forte inertie nécessitent un chauffage anticipé et continu plutôt que par intermittence. Couper complètement le chauffage la nuit ou en cas d’absence prolongée s’avère contre-productif : le système devra fournir beaucoup plus d’énergie pour réchauffer la masse du bâtiment.
Une programmation avec abaissement de 2°C à 3°C pendant les périodes d’absence reste plus efficace qu’un arrêt total. Cette stratégie maintient les parois à une température acceptable tout en réalisant des économies d’énergie.
La répartition inégale de la chaleur dans l’espace
La stratification thermique crée des zones de températures différentes dans une même pièce. L’air chaud, plus léger, monte vers le plafond tandis que l’air froid reste au niveau du sol. Cette différence peut atteindre 4°C à 5°C entre le sol et le plafond dans certains logements mal conçus.
Votre thermomètre, généralement placé à hauteur d’homme (environ 1,5 mètre), indique une température qui ne correspond pas forcément à celle ressentie en position assise ou allongée. Ce décalage explique en partie pourquoi vous avez froid aux pieds malgré une température ambiante correcte.
Optimiser la circulation de l’air
Les ventilateurs de plafond, même en hiver, améliorent la répartition thermique en brassant l’air. Réglés en rotation inverse (sens horaire), ils poussent l’air chaud accumulé au plafond vers le sol sans créer de sensation de courant d’air désagréable.
Le positionnement des radiateurs influence cette répartition. Placés sous les fenêtres, ils créent un rideau d’air chaud qui compense la sensation de froid des parois vitrées. Cette disposition traditionnelle reste efficace malgré l’évolution des techniques de chauffage.
Solutions pratiques pour améliorer votre confort thermique
Plusieurs actions simples permettent d’améliorer votre sensation de chaleur sans augmenter la température de consigne :
- Installer des rideaux épais devant les fenêtres pour créer une barrière isolante
- Utiliser des tapis sur les sols froids pour limiter les pertes par conduction
- Placer des réflecteurs derrière les radiateurs fixés sur murs extérieurs
- Maintenir une humidité relative entre 45% et 55%
- Traiter les infiltrations d’air autour des ouvertures
Ces améliorations, souvent peu coûteuses, peuvent vous faire gagner 2°C à 3°C en température ressentie. Vous pourrez alors baisser votre thermostat d’autant, réalisant des économies substantielles sur votre facture de chauffage.
Quand faire appel à un professionnel
Si malgré ces ajustements vous ressentez toujours du froid avec 20°C affichés, un diagnostic thermique professionnel peut s’avérer nécessaire. Un thermicien ou un bureau d’études thermiques identifiera les défauts de votre installation et proposera des solutions adaptées.
La thermographie infrarouge révèle les ponts thermiques et zones de déperdition invisibles à l’œil nu. Cette analyse permet de hiérarchiser les travaux d’amélioration selon leur impact sur votre confort et leur rentabilité énergétique.
Certains problèmes nécessitent des interventions techniques : rééquilibrage hydraulique du chauffage central, dimensionnement inadéquat des émetteurs, défauts de régulation ou problèmes d’isolation. Seul un professionnel qualifié peut diagnostiquer et traiter ces dysfonctionnements complexes.


