La Caisse d’Allocations Familiales (CAF) s’appuie sur un algorithme pour gérer les aides sociales et lutter contre les fraudes.
Toutefois, des enquêtes récentes mettent en lumière des biais potentiellement discriminatoires pour les bénéficiaires les plus vulnérables.
Cet article décrypte le fonctionnement et les enjeux de cet algorithme, ainsi que les débats qu’il suscite en matière d’équité et de transparence.
Le fonctionnement de l’algorithme de contrôle de la CAF
La CAF utilise un algorithme de contrôle pour analyser la situation des allocataires et cibler les dossiers à contrôler.
Cet algorithme permet non seulement de détecter les erreurs de déclaration et les fraudes, mais aussi d’identifier les cas où les allocataires pourraient avoir droit à des montants plus élevés. En effet, 31% des régularisations post-contrôles sont en faveur des allocataires.
La gestion des prestations telles que le RSA et la prime d’activité repose sur une déclaration trimestrielle, pouvant être source d’erreurs involontaires et de versements inappropriés. L’algorithme vise à éviter les surpaiements et les sous-paiements, en garantissant que les allocataires reçoivent les montants exacts auxquels ils ont droit.
Depuis 2010, l’algorithme attribue un « score de suspicion » à chaque allocataire, basé sur des données personnelles et comportementales, et mis à jour mensuellement. Ce score permet de prioriser les dossiers à contrôler, en fonction du risque de fraude ou d’erreur estimé.
Des biais potentiels au détriment des plus vulnérables
Des enquêtes récentes montrent que l’algorithme pourrait être biaisé et discriminer les bénéficiaires les plus vulnérables.
Certains critères, tels que les revenus faibles, le chômage ou le fait de vivre dans un quartier défavorisé, augmentent le score de suspicion et pénalisent disproportionnellement les personnes en difficulté.
La publication du code source de l’algorithme a confirmé les craintes d’une logique discriminatoire. Des experts de la CNCDH (Commission nationale consultative des droits de l’homme) soulignent que certains critères pourraient être discriminatoires d’un point de vue politique et juridique. Ils appellent donc à une révision des paramètres de l’algorithme pour garantir une équité de traitement entre les allocataires.
La transparence et la protection des données au cœur des préoccupations
La CAF s’engage en matière de transparence et de protection des données, déclarant l’utilisation de l’algorithme à la Cnil (Commission nationale de l’informatique et des libertés).
La CAF défend la neutralité de l’algorithme et insiste sur son caractère évolutif, visant à s’adapter en fonction des besoins et des retours des utilisateurs.
L’amélioration continue de l’efficacité et de l’équité du système de contrôle est au cœur des préoccupations de la CAF. Pour répondre aux critiques, la CAF pourrait être amenée à revoir certaines règles de l’algorithme ou à renforcer le dialogue avec les parties prenantes, afin de garantir un contrôle juste et transparent des aides sociales.
L’algorithme de contrôle de la CAF soulève des questions importantes en matière d’équité et de transparence dans la gestion des aides sociales. Si cet outil présente des avantages indéniables en termes d’efficacité et de lutte contre les fraudes, il est essentiel de veiller à ce qu’il ne pénalise pas les bénéficiaires les plus vulnérables et qu’il respecte les principes d’égalité et de protection des données.