On oppose souvent les chiens et les chats, comme si ces deux animaux de compagnie étaient diamétralement opposés.
« S’entendre comme chien et chat » est même devenu une expression populaire pour décrire une relation conflictuelle.
Pourtant, quand on y regarde de plus près, nos amis à quatre pattes partagent bien plus de points communs qu’on ne pourrait le croire.
Derrière leurs différences évidentes se cachent des similitudes fascinantes qui expliquent peut-être pourquoi ils ont tous deux conquis nos foyers.
1. Des prédateurs aux instincts similaires
Même si votre chat passe ses journées à dormir sur le canapé et que votre chien quémande des caresses, ne vous y trompez pas : ces animaux domestiques restent des prédateurs dans l’âme.
Les chiens, descendants des loups, et les chats, petits félins à peine modifiés par la domestication, conservent leurs instincts de chasseurs. Observez-les jouer : les deux adoptent la même posture d’affût, le corps bas, les pattes arrière prêtes à bondir. Cette position universelle du prédateur trahit leur nature commune.
Leurs jeux favoris révèlent cette parenté comportementale. Une ficelle qui se déplace, une balle qui roule ou un jouet qui couine déclenchent le même circuit de récompense dans leur cerveau que la chasse. C’est pourquoi un chat peut passer des heures à poursuivre un pointeur laser, et qu’un chien rapportera inlassablement le même bâton.
2. Une communication corporelle élaborée
Contrairement à ce qu’on pourrait penser, chiens et chats utilisent un langage corporel étonnamment proche.
La queue constitue un véritable baromètre émotionnel chez les deux espèces. Certes, les interprétations diffèrent – une queue qui remue signifie la joie chez le chien mais peut indiquer l’agacement chez le chat – mais le principe reste le même : cet appendice trahit leurs émotions.
Les oreilles fonctionnent comme des indicateurs d’humeur chez les deux animaux :
- Oreilles dressées et pointées vers l’avant : curiosité et attention
- Oreilles plaquées en arrière : peur ou agressivité
- Oreilles qui pivotent : vigilance et écoute de l’environnement
Les yeux communiquent aussi des messages similaires. Un regard fixe est perçu comme une menace, tandis que des clignements lents signalent l’apaisement. Ce dernier comportement, souvent appelé « slow blink » chez les chats, existe chez les chiens, bien que moins étudié.
3. Une structure sociale adaptable
On présente souvent le chien comme un animal de meute et le chat comme un solitaire. Cette vision simpliste ne résiste pas à l’observation.
Les chats, loin d’être asociaux, peuvent former des colonies structurées quand les ressources le permettent. Les chats féraux vivent souvent en groupes matriarcaux où les femelles s’entraident pour l’élevage des chatons. Dans nos maisons, les chats établissent des hiérarchies subtiles et des relations complexes avec leurs congénères.
Les chiens, quant à eux, ont une sociabilité plus flexible qu’on ne le croit. Si certaines races conservent un fort instinct de meute, d’autres s’accommodent parfaitement d’une vie en solitaire avec leur humain de référence. La structure sociale canine s’adapte aux circonstances, tout comme celle des félins.
Dans les deux cas, ces animaux ont su modifier leur organisation sociale naturelle pour s’intégrer à la famille humaine, prouvant une remarquable plasticité comportementale.
4. Un sommeil cyclique comparable
Votre chat dort 16 heures par jour et votre chien semble toujours faire la sieste ? Ce n’est pas un hasard : leurs cycles de sommeil présentent d’étonnantes similitudes.
Chiens et chats alternent des phases de sommeil léger et de sommeil profond, incluant des périodes de sommeil paradoxal durant lesquelles ils peuvent rêver. Si vous avez déjà observé votre animal remuer les pattes ou émettre des sons pendant son sommeil, vous l’avez surpris en plein rêve !
Les deux espèces pratiquent la sieste de vigilance, ce sommeil léger dont ils peuvent sortir instantanément au moindre bruit suspect. Cette caractéristique, héritage de leur vie sauvage où la vigilance constante était nécessaire, explique pourquoi ils peuvent sembler dormir d’un œil.
| Type de sommeil | Chien | Chat |
|---|---|---|
| Temps total quotidien | 12-14 heures | 15-20 heures |
| Sommeil paradoxal | 10% du temps de sommeil | 15% du temps de sommeil |
| Siestes de vigilance | Fréquentes | Très fréquentes |
5. Une intelligence émotionnelle développée
Longtemps sous-estimée, l’intelligence émotionnelle des chats et des chiens fait aujourd’hui l’objet d’études scientifiques qui révèlent des capacités comparables.
Les deux espèces reconnaissent les émotions humaines et y réagissent. Votre chien sait quand vous êtes triste et viendra poser sa tête sur vos genoux. Votre chat, contrairement aux idées reçues, perçoit aussi votre détresse et peut modifier son comportement en conséquence, se montrant plus présent ou plus câlin.
Chiens et chats éprouvent un spectre émotionnel similaire :
- La joie, manifestée différemment mais bien présente
- La peur, avec des réactions de fuite ou de paralysie
- La frustration, exprimée par des comportements de substitution
- L’attachement, créant des liens durables avec leurs humains
Des études récentes suggèrent même que les deux espèces peuvent ressentir des émotions complexes comme la jalousie ou l’empathie, bien que leur expression varie selon les individus et les espèces.
6. Une mémoire remarquable et sélective
La mémoire des chiens et des chats fonctionne sur des principes étonnamment proches. Contrairement aux idées reçues, les chats ont une excellente mémoire à long terme, comparable à celle des chiens.
Les deux espèces excellent particulièrement dans trois types de mémoire :
- La mémoire spatiale : ils se souviennent des chemins, des cachettes et des territoires
- La mémoire associative : ils connectent des événements à leurs conséquences (le bruit de l’ouverture d’une boîte de nourriture, par exemple)
- La mémoire sociale : ils reconnaissent les individus, humains ou animaux, même après de longues séparations
Cette dernière capacité explique pourquoi un chien peut manifester une joie débordante en retrouvant son maître après des mois d’absence, ou pourquoi un chat peut bouder pendant des jours après un séjour chez le vétérinaire. Ils se souviennent, et parfois très longtemps !
Les deux espèces pratiquent l’oubli sélectif : ils peuvent « effacer » les informations non pertinentes pour se concentrer sur celles qui comptent pour leur survie ou leur confort. C’est pourquoi votre chat peut ignorer son nom quand ça l’arrange, tout comme votre chien peut « oublier » son rappel quand une odeur intéressante le distrait.
7. Une sensibilité aux routines et aux changements
Dernière ressemblance frappante : chiens et chats sont des animaux de routine qui détestent les changements brusques dans leur environnement.
Observez-les : ils réclament leur repas à heure fixe, suivent des rituels précis avant de se coucher, et s’inquiètent quand les meubles sont déplacés. Cette préférence pour la prévisibilité n’est pas un caprice mais une stratégie adaptative : dans la nature, la routine signifie la sécurité, tandis que les changements peuvent annoncer un danger.
Cette sensibilité explique pourquoi un déménagement, l’arrivée d’un nouveau membre dans la famille ou même un simple changement d’horaire peut perturber profondément nos compagnons à quatre pattes. Les deux espèces réagissent par des comportements similaires face au stress : marquage territorial accru, toilettage excessif, ou repli sur soi.
Heureusement, chiens et chats partagent aussi une remarquable capacité d’adaptation, pour peu qu’on leur laisse le temps de s’habituer progressivement aux nouveautés. Cette flexibilité, combinée à leur attachement aux humains, leur a permis de devenir nos compagnons les plus fidèles à travers l’histoire.
Au-delà des stéréotypes
Ces ressemblances entre chiens et chats nous invitent à dépasser les clichés. Non, tous les chiens ne sont pas des compagnons exubérants et obéissants. Non, tous les chats ne sont pas des solitaires indépendants et distants. La personnalité de chaque animal transcende les caractéristiques de son espèce.
Si ces deux animaux partagent tant de traits communs, pourquoi les oppose-t-on systématiquement ? Peut-être parce que nous projetons sur eux nos propres catégories mentales. Ou peut-être parce que leurs différences, bien réelles, sont simplement plus visibles que leurs similitudes.
Une chose est sûre : comprendre ces ressemblances permet de mieux répondre aux besoins de nos compagnons, qu’ils aboient ou qu’ils miaulent. Et qui sait ? Cela pourrait même aider à établir une cohabitation harmonieuse entre ces deux espèces dans nos foyers.
La prochaine fois que vous observerez votre chien ou votre chat, essayez de repérer ces comportements partagés. Vous découvrirez peut-être que ces prétendus ennemis naturels sont en réalité des cousins pas si éloignés que ça dans leur façon d’appréhender le monde.


